Plongée dans le quotidien de l’Équipe de récupération sous-marine de la GRC en Colombie-Britannique
C.-B., Services des Récupération sous-marine
2023-10-20 13:20 HAP
Dossier nº A deep dive into the BC RCMP Underwater Recovery Unit
Un groupe d’amis marchait le long d’un sentier du parc provincial de Shannon Falls lorsque l’un des membres du groupe s’est approché trop près de l’eau vive et a été entraîné par le puissant courant. Deux autres membres du groupe ont tenté de lui porter secours, mais eux aussi ont été emportés par les chutes, dévalant la montagne dans les eaux turbulentes et tombant dans un bassin rocheux 30 mètres plus bas.
Plusieurs unités spécialisées et équipes d’urgence de la GRC se sont précipitées sur les lieux. L’opération de recherche et de sauvetage a duré deux jours et s’est finalement transformée en une mission de récupération.
« L’Équipe d’extraction aérienne (qui fait partie du Groupe tactique d’intervention pour le Lower Mainland) a utilisé un système d’accès par corde pour nous faire descendre dans le bassin où se trouvaient ces personnes », explique le sergent Steve Pebernat, de la GRC, qui fait partie de l’Équipe de récupération sous-marine. « Ensuite, les Services de l’air ont utilisé une palangre pour extraire les corps du bassin en passant par le flanc de la montagne. Au total, nous avions plus de 100 agents et premiers intervenants dotés de compétences incroyables travaillant sur un terrain extrêmement difficile. »
Le débit d’eau important a constitué un défi pour les équipes participant aux efforts, car les chutes Shannon traversent un certain nombre de systèmes de bassins.
« C’est vraiment tragique », déplore Steve Pebernat. « Trois jeunes ont perdu la vie. C’est l’un des appels les plus complexes auxquels nous ayons répondu pour récupérer des personnes. »
L’Équipe de récupération sous-marine (ERS) est un groupe unique de plongeurs experts qui se forment à des techniques spécialisées de plongée policière très différentes de la plongée récréative.
« Nous voulons que toutes les personnes qui rejoignent l’équipe soient d’abord des policiers », explique Steve Pebernat. « Nous souhaitons que ces personnes développent leurs compétences en tant qu’enquêteurs ainsi qu’en tant que plongeurs récréatifs. Nous les formons pour qu’elles deviennent des policiers sous l’eau. »
En 2005, la GRC a ouvert le Centre national de formation en récupération sous-marine (CNFRS) à Nanaimo, le seul centre de formation en plongée au Canada préparant les policiers à devenir des spécialistes de la récupération sous-marine et de la médecine légale.
Le cours d’initiation de cinq semaines est intensif. Il permet de s’assurer que les plongeurs maîtrisent tous les aspects des techniques de plongée spécialisées, y compris les opérations de base de récupération de preuves et les opérations de sauvetage en eau rapide. Les plongeurs doivent suivre une formation chaque année et renouveler leur certification.
Certes, la récupération sous-marine n’est pas à la portée de tout le monde. Les membres de l’équipe plongent souvent dans des eaux sombres et troubles avec une visibilité nulle. Ils effectuent des recherches au toucher. Les plongeurs recherchent à tâtons un corps – qu’il s’agisse d’une victime d’un accident ou d’un crime – perdu dans un lac, une rivière, un fleuve ou l’océan.
« Nous récupérons des corps », reconnaît Steve Pebernat. « Le seul réconfort que nous obtenons, c’est que nous permettons aux familles de faire leur deuil. »
Environ 50 % des appels de plongée que l’équipe reçoit concernent la récupération de corps, tandis que les 50 % restants concernent la récupération de preuves. Lorsque des gens commettent des crimes, ils ont tendance à jeter des objets à l’eau et l’ERS récupère les preuves. Les plongeurs récupèrent des balles, des téléphones cellulaires, des armes, des véhicules, des bateaux et même des avions, souvent à l’aide d’un appareil de détection de métaux. Ils ont réussi à récupérer des preuves clés pour faire avancer des enquêtes.
Les plongeurs de l’ERS sont avant tout des policiers et chaque élément de preuve doit être soigneusement examiné, photographié, étudié et préservé conformément à nos processus judiciaires.
« Lors d’une opération de recherche, il est fréquent que des membres de la collectivité se manifestent pour soutenir l’équipe et la famille de la victime », précise Steve Pebernat. « C’est formidable de constater cet esprit communautaire et d’en faire partie. Vous savez, même si c’est une tragédie, on ne peut que se réjouir de voir une telle humanité s’exprimer pour soutenir la police dans toutes les actions qu’elle mène pour récupérer une victime. Pour moi, cette reconnaissance de la part de la communauté à un moment aussi tragique est très gratifiante. »
Steve Pebernat est policier depuis 30 ans, dont 26 ans au sein de l’équipe de plongée. « Quand j’ai commencé ma carrière, mon formateur sur le terrain a souligné l’importance de faire autre chose qu’un simple travail du lundi au vendredi à la GRC, déclare Steve Pebernat. « Étant donné que je suis plongeur récréatif depuis 1993, je me suis joint à l’équipe de plongée. »
Les plongeurs travaillent à temps partiel, et leur activité à cet égard s’ajoute à leurs tâches policières habituelles. Comme les plongeurs sont appelés à intervenir partout dans la province, même s’ils sont mutés dans une autre ville, ils peuvent tout de même continuer à faire partie de l’équipe de plongée.
L’équipe peut être appelée à accomplir jusqu’à 90 plongées par an. Les plongées peuvent aller de plongées très courtes de trois heures à des plongées qui durent une semaine. Lorsqu’une équipe doit être mise sur pied, on tente de faire venir des plongeurs de la zone géographique la plus proche. L’équipe est composée de trois à cinq plongeurs, selon la situation à l’origine de l’appel. L’ERS compte actuellement 24 plongeurs dans la province. À une certaine époque, elle comptait 34 plongeurs, ce qui répartissait le travail de façon plus uniforme entre les équipes.
Un appel peut survenir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, et lorsque cela se produit, des membres de partout dans la province – parfois de partout au pays – y répondent. Il ne s’agit pas d’un travail « neuf à cinq » et chaque opération est unique.
En plus des opérations de plongée, de nombreux membres sont formés et équipés pour utiliser une variété de sonars à balayage latéral et de véhicules télécommandés, ce qui accroît davantage les capacités opérationnelles de l’équipe.
L’ERS a adopté les plus récents principes scientifiques de la plongée, s’étant par la suite taillé une réputation comme l’une des unités de plongée policière les plus compétentes et qualifiées en Amérique du Nord. Non seulement a-t-elle permis à de nombreuses familles de faire leur deuil, mais elle a également joué un rôle déterminant dans la prestation d’un service médico-légal dans le cadre de nombreuses enquêtes criminelles sur de graves infractions.
Dans les eaux qui dépassent la capacité des plongeurs, l’équipe utilise un véhicule sous-marin télécommandé équipé d’un GPS, d’un sonar, d’une caméra vidéo haute définition et d’un éclairage spécial. La technologie et l’équipement sont utilisés pour assurer la sécurité des plongeurs. L’équipe place l’équipement à des endroits où les plongeurs ne peuvent se rendre ou à des endroits où il est dangereux pour les plongeurs de faire l’exploration initiale.
Pour voir ce qui se trouve sous la surface de l’eau avant de plonger, l’équipe y fait descendre un sonar qui envoie des ondes sonores pour détecter les objets sous l’eau. Le sonar est monté sur un trépied attaché à l’embarcation de police et est abaissé jusqu’au fond de l’eau. La tête du sonar tourne, envoyant un faisceau d’ondes sonores, et les images créées ainsi sont examinées par l’équipage à la surface. L’équipe peut voir sous la surface de la mer en explorant la section d’eau ciblée où, selon ses calculs, elle trouvera la personne ou les éléments de preuve avant de plonger, ce qui représente une façon nettement plus sécuritaire de procéder.
Toutefois, ce ne sont pas toutes les surfaces au fond d’un lac qui sont lisses, particulièrement s’il s’agit d’un lac artificiel où il tend à y avoir des trous noirs ou des cratères, ce qui y complique l’utilisation du sonar.
La lagune de Harrison est un plan d’eau artificiel, séparé du lac Harrison par une barre de sable tout aussi artificielle. À un moment donné, un homme qui y nageait est tombé et a flotté plus loin que prévu.
« La visibilité était nulle, affirme le sergent Dennis Webber, coordonnateur de l’ERS. « Nous portons de l’équipement de plongée lourd dans de l’eau peu profonde et très chaude, et nous ne pouvons nous hydrater. »
« Nous avons fait une recherche par sonar, mais il y avait des trous noirs au fond de ce lac artificiel », précise Dennis Webber. Il y avait de gros nids-de-poule – des dépressions au fond – et à cause de cela, il était presque impossible de trouver un sol stable pour le trépied et d’obtenir une lecture précise. »
Après quatre jours, les plongeurs ont changé leur méthode de recherche.
« Nous avons abandonné la méthode de recherche typique dite de la pendule où vous explorez en arc une zone à partir d’un point central, puis avancez de quelques mètres, et explorez la nouvelle zone en arc », explique Dennis Webber, qui fait partie de l’équipe de plongée depuis 2007. « Au lieu de cela, nous avons nagé jusqu’au point le plus éloigné du câble rigide connecté à notre navire, et nous avons effectué une recherche par quadrillage à partir de là. C’était dur. Mais nous n’avons pas lâché. Nous avons trouvé le nageur. »
Les plongeurs portent des combinaisons étanches caoutchoutées pour les protéger contre les contaminants. Elles sont complètement scellées aux poignets et de la tête jusqu’aux pieds. Les bouteilles d’air comprimé sont en acier et sont donc plus lourdes que celles utilisées par les plongeurs récréatifs. Ils portent un masque AGA complet muni d’un microphone et d’un écouteur qui leur permet de parler aux autres plongeurs et au plongeur de sécurité qui se trouve à bord de l’embarcation. Ensemble, la combinaison et l’équipement pèsent 100 livres.
Avec autant d’équipement, il peut être difficile d’accéder à un site et d’en sortir. Surtout lorsque la plongée se fait dans des eaux dangereuses. Un été, une femme a franchi le bord d’une falaise avec son véhicule et s’est écrasée dans un lac profond.
« Le camion est sorti de l’autoroute, a descendu un gigantesque remblai, puis est tombé d’une falaise, pour plonger finalement dans 140 pieds d’eau profonde, à 20 à 30 pieds de la rive », affirme Dennis Webber, agent de la GRC depuis 22 ans. « Il faut utiliser toutes ses compétences pour récupérer quelqu’un à cette profondeur. Mais nous avons récupéré son corps. »
« Quand nous répondons aux appels, nous travaillons toujours de façon concertée », dit Steve Pebernat. « Très rarement, nous sommes les seuls sur place. Nous aidons le détachement dans son enquête. Pour que nous puissions tirer ce camion hors de l’eau, beaucoup de plongeurs ont dû descendre jusqu’au site, positionner le véhicule et le fixer à un câble relié à une grue sur une barge. »
Malgré la nature erratique de l’environnement sous-marin et la complexité de l’équipement, les plongeurs adorent ce qu’ils font.
« C’est une très belle équipe avec laquelle travailler, affirme Dennis Webber. « Il y a une telle cohésion entre nous. Une grande camaraderie. Nous n’affichons pas notre grade, donc celui qui est le superviseur ce jour-là – il pourrait s’agir d’un gendarme assez subalterne – porte le gilet cette journée-là. »
« Mon mentor, le sergent d’état-major Doug Gambicourt (à la retraite), qui a été coordonnateur de l’ERS pendant 13 ans, a donné le ton à l’équipe », affirme Dennis Webber. « C’est cela qui explique sa grande cohésion. C’est le seul endroit que j’ai trouvé à la GRC où il y a ce haut degré d’esprit de corps. Ils savent que ce qu’ils font compte. »
« Ce n’est pas un travail prestigieux », dit Dennis Webber. « Il peut être misérable. Mais nous nous investissons. Nous voulons ramener la personne à la maison pour ses proches. Nous ne nous en lassons jamais! »
Services de communication de la GRC en C.-B.
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